Cet aticle résume l'histoire de la France depuis 1945, c'est-à-dire sous le gouvernement provisoire, la quatrième république et la cinquième république.
Gouvernement provisoire (1944-1947)
Le Comité français de la Libération nationale (CFLN), organe politique de la Résistance se déclare Gouvernement provisoire de la République française le
2 juin 1944. Présidé par
Charles de Gaulle, il assume la réalité du pouvoir à partir de la fin de l'été 1944, suite à la Libération de la France. Composé de communistes, de socialistes et de gaullistes, il déclare nulles et non avenues toutes les décisions du
Régime de Vichy, qu'il considère comme une parenthèse illégale dans le fonctionnement de l'État. Il poursuit la guerre et organise l'épuration. Le
21 octobre 1945, il établit une assemblée constituante, chargée de réformer les institutions. Le
20 janvier 1946, Charles de Gaulle démissionne, à la suite d'un désaccord persistant avec les ministres communistes.
La IVe République (1946-1958)
Un premier projet de
Constitution est rejeté par
Référendum le
5 mai 1946. Une nouvelle assemblée constituante est élue le
2 juin et la constitution est définitivement adoptée par référendum le
13 octobre 1946.
La IVe République mène la reconstruction de la France, très touchée par quatre ans d'occupation, et prend certaines décisions qui marqueront l'histoire :
- droit de vote des femmes (ordonnance du 21 avril 1944). Les femmes voteront pour la première fois en 1945.
- création de l'École nationale d'administration
- mise en place de la Sécurité sociale et des allocations familiales
- signature du traité de Rome, première base de l'Union européenne
- reconstruction du pays de 1945 à 1950 : les villes bombardées (Le Havre, Brest, Rouen, Caen), les infrastructures économiques et de transport.
La IVe république est cependant caractérisée par une instabilité des gouvernements, (en moyenne un nouveau gouvernement tous les six mois) incapables de recueillir un soutien du Parlement.
Une des causes de cette instabilité est souvent imputée à une Constitution où le scrutin proportionnel ne permet pas le dégagement d'une majorité claire et stable (exemple actuel de pays tels que Israël).
Les deux présidents de la Quatrième République sont Vincent Auriol, ancien ministre socialiste du Front populaire et René Coty, classé au centre droit. La Quatrième République est marquée par les deux principales guerres de décolonisation qu'a connue la France : la Guerre d'Indochine et la Guerre d'Algérie.
La fin de la IVe République et la naissance de la Ve
La guerre d'Algérie entraîne une crise politique profonde. Depuis la mi-avril de l'année 1958, La France se débat dans une crise gouvernementale. Le chef du gouvernement,
Pierre Pflimlin, essaie d’obtenir l'investiture de l'Assemblée nationale. Le 13 mai, des manifestants envahissent le gouvernement général d'Alger. Ils créent des "Comités de salut public" dans le but de sauvegarder "l'Algérie française". L'autorité du gouvernement n’est plus respectée en Algérie mais aussi en France. Les menaces d'insurrection ou de coup de force décident l'Assemblée à investir
Pierre Pflimlin mais il est sans pouvoir réel tant la crise est profonde. Des hommes politiques réclament le retour aux affaires de
Charles de Gaulle. Celui-ci pose des conditions à son retour : l'adoption de procédures légales pour changer les institutions totalement paralysées, et les moyens de gouverner. Le
31 mai 1958,
Pierre Pflimlin, Président du conseil, démissionne et le 1
er juin l'Assemblée nationale investit le gouvernement du
général de Gaulle par 329 voix contre 224. Il obtient les pleins pouvoirs pour rétablir le bon fonctionnement des pouvoirs publics. la loi constitutionnelle du 3 juin 1958 l'autorise à élaborer un projet de constitution avec 5 principes fondamentaux à respecter : le suffrage universel, la séparation des pouvoirs exécutif et législatif, la responsabilité du Gouvernement devant le Parlement, l'indépendance de l'autorité judicaire et enfin, mesure de circonstance, l'organisation des rapports entre la République et les peuples d'Outre-mer. La loi prévoit qu'un comité consultatif constitutionnel, composé de 25 parlementaires et de 13 personnalités nommées par le Gouvernement doit être consulté après la rédaction du projet. Les Français doivent eux aussi être consultés par référendum. Lors du référendum du 28 septembre 1958, 66% des Français approuvent le texte qui donne naissance à la Ve République. La Constitution est promulguée le 4 octobre 1958. De Gaulle est élu président de la République le 21 décembre de la même année. Par un collège d'environ 80 000 grands électeurs majoritairement issus du monde rural. C'est en partie pour trouver une solution à la sous-représentation de la France urbaine que De Gaulle propose en 1961, de modifier le mode d'élection du président de la République afin que celui-ci soit élu au suffrage universel. Il décide d'utiliser la procédure de référendum direct prévue par l'article 11 de la Constitution, sans passer par la procédure de révision contitutionnelle de l'article 89 qui prévoit d'abord l'accord du parlement. Irrité de ne pas avoir été consulté, le Parlement met le Gouvernent en minorité. De Gaulle décide alors de dissoudre l'Assemblée afin de procéder à de nouvelles élections législatives. Les Français votent massivement pour une élection du président au suffrage universel et la loi est promulguée le 6 novembre 1962.
De Gaulle réalisa rapidement qu'il n'était pas possible de gagner la Guerre d'Algérie, et soutient l'indépendance de l'Algérie. Cette attitude provoqua de fortes résistances dans certains groupes nationalistes, et notamment des actions terroristes de la part de l'Organisation armée secrète. La guerre prit fin en juillet 1962 par la signature des Accords d'Évian, signés le 18 mars 1962, approuvés par le référendum du 8 avril 1962. De Gaulle prit différentes mesures économiques pour revitaliser le pays, notamment l'introduction du nouveau franc.
Politique internationale : « une certaine idée de la France »
Sur la scène internationale, refusant la domination des
États-Unis comme de l'URSS, de Gaulle érigea une France indépendante, dotée de sa propre force de frappe nucléaire. Il refusa à la
Grande-Bretagne l'entrée dans la CEE, il condamna la guerre américaine au
Viêt Nam ainsi que l'attaque israélienne lors de la
Guerre des Six Jours, et en
1966 retire la France de l'OTAN, tout en restant membre de l'Alliance atlantique. En
Afrique, menant une politique officielle de décolonisation,
Charles de Gaulle chargea
Jacques Foccart de jeter les bases du néocolonialisme français, poursuivi par tous les présidents de la cinquième République, que François-Xavier Verschave baptisera la
Françafrique.
Mai 1968 et conséquences
Pour cette période voir l'article sur : .En 1968, la protestation prit plus d'ampleur que prévu, et prit de Gaulle au dépourvu, qui disparut de la scène politique pendant quelques heures pour prendre conseil, donnant au pays la crainte de la vacance du pouvoir.
De Gaulle était prêt à accepter certaines des revendications des manifestants, mais Georges Pompidou le persuada de dissoudre plutôt l'Assemblée nationale. Les élections de juin 1968 furent un grand succès pour les gaullistes qui obtinrent 293 des 487 sièges. Face à sa popularité croissante, Georges Pompidou, fut remplacé par Maurice Couve de Murville au mois de juillet.
Après l'échec d'un référendum sur le transfert de certains pouvoirs aux régions, dans lequel il avait mis tout son poids, de Gaulle démissionna le 28 avril 1969.
Après de Gaulle (1969-aujourd'hui)
Article détaillé : .Présidence de Georges Pompidou (1969-1974)
Georges Pompidou, qui se présente comme l'héritier de De Gaulle, remporte l’élection présidentielle de
1969. Jacques Chaban-Delmas est nommé Premier ministre.
Présidence de Valéry Giscard d’Estaing (1974-1981)
Élu à 48 ans, Valéry Giscard d'Estaing fut en 1974 le plus jeune président de la République française. Il nomme
Jacques Chirac Premier ministre. La crise pétrolière de 1973 et la conjoncture économique internationale entravent le bon fonctionnement du gouvernement et provoquent la montée des contestations : c'est la fin des
Trente Glorieuses. En 1976, après la démission de Jacques Chirac,
Raymond Barre, un professeur d'économie, est nommé au poste de Premier ministre et mène une dure politique pour stopper l'
Inflation qui aboutit à une forte baisse de la croissance. Le septennat de Valéry Giscard d'Estaing permet de concrétiser des réformes majeures :
- législation sur le divorce par consentement mutuel
- la légalisation de l'avortement menée par Simone Veil (17 janvier 1975) qui a suivi par la légalisation de la pilule (loi de neuwirth 1967) et le remboursement de celle-ci par la Sécurité sociale(1974).
- la majorité est abaissée à dix-huit ans au lieu de 21 ans auparavant (5 juillet 1974)
- instauration de l'heure d'été afin de réaliser des économies d'énergie
- promotion de la démocratie européenne (sous son impulsion les députés européens sont désormais élus au suffrage direct) et avancées économiques (mise en place du système monétaire européen, prélude à l'euro).
- généralisation de la mixité dans les écoles
- l'émancipation de la télévision publique et le démantèlement du monopole d'État (l'ORTF) en sept sociétés,
- l'abolition de la censure,
- l'extension de la Sécurité sociale aux non-salariés (une mesure capitale pour les commerçants et les artisans),
- l'élection du maire de Paris au suffrage universel…
- Mars 1975 : grève lycéenne
- Printemps 1976 : grève étudiante
- Juillet 1977 : émeute antinucléaire à Creys-Malville
- Mars 1978 : la droite remporte les élections législatives
- 1979 : création du groupe Action directe
- Mai 1980 : grève étudiante dominée par l'extrême-gauche
Présidences de François Mitterrand (1981-1995)
Articles connexes : .10 mai 1981, soutenu par toute la Gauche, après avoir échoué face au Général de Gaulle en 1965, Georges Pompidou et Valéry Giscard d'Estaing en 1974, François Mitterrand remporta l'élection présidentielle, face à Valéry Giscard d’Estaing avec 51,75 % des suffrages exprimés.
Pour la première fois, sous la V e république, la gauche est au pouvoir. Pierre Mauroy est nommé premier ministre d'un gouvernement d'union de la Gauche comprenant donc 4 ministres issues des rangs du Parti communiste. Ce gouvernement mena de nombreuses réformes, dont ;
- l'abolition de la peine de mort ;
- la cinquième semaine de congés payés ;
- l'abaissement de la durée légale du travail à 39 heures par semaine ;
- la libéralisation de la radio et de la télévision (par la création de la Haute autorité de l'audiovisuel) ;
- la suppression de la sélection à l'entrée des universités.
À partir de 1982, le gouvernement, menacé de banqueroute, est obligé de mettre un terme à sa politique social-démocrate et doit mettre en oeuvre le tournant de la rigueur et des réformes libérales
- 1982 : révolte des sidérurgistes contre les licenciements
- Mai 1983 : émeutes étudiantes dominées par l'extrême-droite
En
1984,
Pierre Mauroy est remplacé par
Laurent Fabius et renforce ainsi le tournant libéral. Le PCF refuse de participer au nouveau gouvernement
En 1986, malgré la modification du système de scrutin (passage au scrutin proportionnel), la gauche perd d'un siège la majorité absolue à l'Assemblée, inaugurant ainsi une situation inédite : la cohabitation entre un premier ministre et un président de la république politiquement opposé: Jacques Chirac forme le nouveau gouvernement. Cependant, François Mitterrand décide de ne pas démissionner. Commence alors une ère de cohabitations et d'alternances :
1986 -
1987 : Le retour de la droite est marqué par d'importants mouvements de grèves des étudiants, des cheminots, et des infirmières.
En 1988, la tendance est inverse de 1986.
François Mitterrand est redevenu populaire, et
Jacques Chirac, usé par le pouvoir est en perte de vitesse. Le deuxième tour oppose ces deux hommes, et c'est le président sortant qui l'emporte.
- 1988 - 1993 : gouvernement de gauche sous François Mitterrand (Premiers ministres : Michel Rocard, Édith Cresson (1991), Pierre Bérégovoy (1992). Cette époque est notamment marquée par la révolte des jeunes des banlieues (manifestations lycéennes de 1990)
- 1993 - 1995 : cohabitation François Mitterrand - Édouard Balladur : révolte de la jeunesse en mars 1994 contre l'instauration d'un « SMIC-Jeunes » (CIP).
Présidences de Jacques Chirac (1995-2007)
Articles connexes : .- 1995 - 1997 : gouvernement d'Alain Juppé.
- Décembre 1995 : grève des fonctionnaires contre la réforme de la Sécurité sociale.
- 1996 : début du mouvement des sans-papiers.
- 1997 : dissolution de l'assemblée nationale.
- 1997 - 2002 : cohabitation Jacques Chirac - Lionel Jospin (« gauche plurielle »).
- 1998 : Mouvement des chômeurs.
- Décembre 2001 : manifestations de policiers.
- 2000 : afin de faire cesser les chassés-croisés entre le pouvoir présidentiel et le pouvoir législatif, une réforme constitutionnelle ramène la durée du mandat présidentiel à 5 ans (au lieu de 7) afin de le faire correspondre au mandat législatif.
- Mai 2002 : réélection de Jacques Chirac - Jean-Pierre Raffarin est nommé premier ministre.
- Juin 2003 : grève des fonctionnaires contre la réforme du régime des retraites.
- Été 2003 : début du mouvement des intermittents du spectacle.
- Novembre 2003 : Forum social européen (FSE) à Paris : le Parti socialiste est violemment attaqué par une partie des manifestants.
- Été 2004 : des manifestants détruisent des champs d'OGM
- Printemps 2005 : mouvement lycéen contre la réforme de François Fillon.
- Printemps 2005 : rejet de la constitution européenne par référendum à 55% des voix
- Octobre-novembre 2005 : crise des banlieues.
- Février-mars 2006 : mouvement des étudiants et des lycéens contre le Contrat première embauche.
Présidence de Nicolas Sarkozy (2007-)
mai 2007: élection présidentielle, victoire de N. Sarkozy de l'Union pour un Mouvement Populaire, face à la socialiste Ségolène Royal par 53,1% des voix. juin 2007: victoire limitée de la majorité présidentielle aux élections législatives. mars 2008: défaite relative de l'UMP aux élections municipales et cantonales. La gauche prend de nombreuses villes, mais la droite résiste assez bien. En revanche, plusieurs départements basculent à gauche (Parti Socialiste, Parti Communiste...).
Notes et références
Voir aussi
Articles connexes
- Années 1950 en France
- Historique des gouvernements de la France
- Chronologie de la France sous la Ve République
- Années 1960 en France
Bibliographie
Philippe Georges et Guy Siat,
Droit public, Sirey, 2004
Liens externes